Vol MH 17 : À QUI PROFITE LE TROUBLE ? par François Leclerc

Billet invité

Un chasseur ukrainien était à proximité de l’avion de ligne malaysien, à distance de tir d’un missile air-air, avant que ce dernier ne soit abattu, selon le général Andreï Kartapolov de l’État-major des forces russes, qui a par ailleurs nié toute livraison de matériel militaire aux séparatistes ukrainiens, et tout particulièrement de systèmes de missiles mobiles sol-air. Il a également fait état de la présence près de Donetsk d’un tel système sous contrôle de l’armée ukrainienne au moment du crash. Telle est la substance d’une intervention destinée à faire pièce aux accusations d’origine américaine et ukrainienne mais qui n’est pas convaincante.

Selon Kartapolov, les Ukrainiens avaient donc deux possibilités d’abattre l’avion de Malaysia airlines, et les séparatistes aucune, bien qu’il se garde de dire que les premiers ont tiré et abattu l’avion. Mais à trop vouloir prouver, on affaiblit parfois sa démonstration : comment croire que les installations de détection russes, qui seraient capables de détecter le chasseur et une batterie de missiles, soient passées à côté d’un tir de missile qui dans les deux cas serait difficilement passé inaperçu ? Comment croire que les Russes n’aient pas fourni de matériel militaire aux séparatistes, après la mascarade à laquelle ils se sont prêtés – et qu’ils ont niée – en camouflant leurs troupes d’élites ainsi que leurs blindés légers ? Tout cela vient trop à point nommé, et tardivement de surcroît.

Les révélations du général permettent de créer le doute en opposant deux versions d’un même évènement, celle d’une Russie sur la défensive en réponse à celle des États-Unis accusateurs, entre lesquelles à défaut de choisir son camp, comme au bon vieux temps, il ne resterait plus qu’à reconnaître que l’on ne peut pas trancher. Cette guerre en Ukraine est depuis le début menée par les autorités russes sur deux fronts, militaire et de la propagande. Ce dernier pour avoir l’air, contre toute évidence, de ne pas y être impliqué. Cela ne fait que continuer. Vladimir Poutine pense, non sans raison semble-t-il, qu’à condition d’y mettre les formes, ses interlocuteurs européens ont trop d’intérêts économiques à défendre pour faire obstacle à ses visées.